Publié en anglais le 1er mai 2025, traduit en français le 19 mai 2025
Le 1er mai dans le monde entier, les syndicalistes et les autres travailleurs célèbrent les victoires du passé et se tournent vers l’avenir. Cette commémoration n’a jamais porté uniquement sur le lieu de travail, les salaires et les conditions de travail, mais sur une lutte plus large contre toutes les formes d’oppression sous le capitalisme et, en fin de compte, une lutte contre le capitalisme lui-même.
Depuis le premier 1er mai, il y a plus d’un siècle, les travailleurs et travailleuses de tous les pays se sont unis pour défendre les immigrants, lutter contre la violence policière raciste, construire la solidarité internationale et s’opposer aux guerres impérialistes prédatrices. On a défendu les femmes contre la représentation inégale, les revenus inégaux et le fardeau inégal de la garde des enfants et du travail domestique, réclamant le vote, les droits sur le lieu de travail, l’égalité salariale, la garde d’enfants, la contraception et l’avortement. On a défendu les frères et sœurs gais et lesbiennes contre la discrimination sur le lieu de travail et la criminalisation de leur sexualité. Beaucoup de ces droits ont été conquis, bien que beaucoup ne l’aient pas été — sous le capitalisme, aucun n’est certain et tous les acquis doivent être constamment défendus.
Aujourd’hui, avec l’ascension de la droite et le déclin de la social-démocratie, les bigots qui veulent confiner la classe ouvrière dans des structures familiales traditionnelles pour reproduire la main-d’œuvre ont choisi les personnes trans et non binaires comme cibles principales.
À l’échelle mondiale, les personnes trans souffrent de taux élevés de meurtres et d’agressions physiques. Elles sont victimes de discrimination au travail, dans l’éducation et dans les espaces publics. Les soins de santé vitaux d’affirmation de genre, tels que les bloqueurs de puberté, sont refusés ou retardés. Elles sont souvent rejetées par la famille et la communauté, ce qui entraâne des taux élevés d’itinérance, de problèmes de santé mentale et de suicide.
En Grande-Bretagne, à la mi-avril, la Cour suprême a statué que la protection contre la discrimination en tant que femmes dans la loi sur l’égalité ne s’appliquait qu’aux « femmes biologiques », ouvrant ainsi la voie à l’interdiction des femmes trans dans les « espaces réservés aux femmes » et positionnant les personnes trans comme quelque chose d’anormal ou d’« autre ». Il y a déjà eu des tentatives d’imitation, comme un projet de loi proposé par le populiste Winston Peters, le vice-premier ministre néo-zélandais.
La nouvelle administration Trump aux États-Unis n’a pas perdu de temps pour s’attaquer aux droits des personnes trans, refuser des soins de santé aux jeunes femmes et hommes trans, invalider les passeports d’un sexe différent de celui assigné à la naissance, menacer de transférer les femmes trans dans des prisons pour hommes, criminaliser les enseignants qui aident les étudiants trans, restreindre les toilettes et bien plus encore. Mais ce n’est pas nouveau : sous l’administration démocrate précédente, 31 projets de loi anti-trans ont été adoptés à travers le pays.
Des lois progressistes qui permettent aux personnes trans d’assigner légalement leur propre genre sont sous attaque dans le monde entier, par exemple en Allemagne où la législation de 2022 sur l’auto identification est violemment opposée par l’AfD d’extrême droite, le deuxième plus grand parti dans un parlement instable. Ici, comme ailleurs, les droits des personnes trans peuvent devenir une monnaie d’échange dans les accords politiques.
Il y a beaucoup d’autres exemples. La Russie a adopté en 2023 une loi interdisant les changements de sexe, que ce soit pour des raisons médicales ou dans des documents officiels. L’Ouganda a adopté des lois homophobes et transphobes en 2024, qui prévoient notamment la menace de la peine de mort.
Malheureusement, il y a ceux qui approuvent les opinions transphobes au nom des droits des femmes, comme la défense d’« espaces réservés aux femmes » séparés. Cela fait écho à une idéologie qui a longtemps traversé le mouvement féministe, selon laquelle les « hommes » (et tous ceux qui sont assignés à l’homme à la naissance) sont le problème, plutôt que le système capitaliste et les structures qui le soutiennent, y compris la famille nucléaire et les rôles de genre assignés.
Lorsque la classe ouvrière internationale renversera le capitalisme et établira des fédérations volontaires basées sur la coopération internationale et le partage des ressources, le travail domestique et la garde de la prochaine génération deviendront une responsabilité de la société tout entière. L’humanité se débarrassera de la répression externe et interne qui limite notre expression de soi et, au fil du temps, développera de nouveaux modes de comportement, de décoration vestimentaire et corporelle, d’éducation et de soins des enfants et d’expression du désir sexuel — d’une manière que on peut à peine imaginer aujourd’hui.
En attendant, c’est un pas important vers nous débarrasser du capitalisme que de défendre le droit de tous à s’exprimer et à s’identifier de la manière de son choix. Les jeunes trans voient plus clairement que beaucoup de leurs pairs comment le capitalisme corrompt et limite cette expression de soi et le potentiel de l’humanité, et sont prêts à participer à sa destruction. Il est nécessaire non seulement de lier les luttes sur de nombreux fronts (contre la transphobie, le racisme, le génocide, la guerre, les bas salaires et les avantages sociaux, les soins de santé médiocres, etc.) mais aussi de s’organiser autour d’un programme qui les explique dans le contexte du capitalisme. Cela ne peut se faire que sous la forme d’un parti révolutionnaire qui rassemble les meilleurs combattants du mouvement des droits des personnes trans, aux côtés d’autres travailleurs et opprimés. Dans le processus de défense des droits de tous, nous pouvons construire l’outil qui peut nous libérer du capitalisme à jamais.